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Qui sommes-nous ?

 

 

 

CIN-CO est une association créée en 2004 qui a pour objectif de favoriser la création, la production et la diffusion de films venant en particulier des pays en voie de développement.

L'idée est de permettre à des réalisateurs étrangers ayant peu de moyens à leur disposition de faire aboutir leur travail artistique, de leur apporter un soutien logistique et matériel, et de proposer un appui à la diffusion de leurs œuvres.

C'est ainsi donner la possibilité de montrer une réalité ou une vision artistique souvent déniée ou délaissée dans leur pays, et très souvent méconnue à l'extérieur de ce territoire.

Notre action s'articule également autour de projets pédagogiques et éducatifs, en milieu scolaire, pour sensibiliser les jeunes publics à l'impact de l'image, à son interprétation, à sa maîtrise et à sa diversité.

 

 

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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 15:47

 

Les-saisons-Artavazd-Pelechian.png

 

Nicolás ROMÁN BORRÉ

Réalisateur, ciné-clubiste et membre de CIN-CO « Cinéma et Coopération »

 

Traduction : Florence GUILBOT

 

Le rythme des films indiens est particulier, différent du notre.

Il faut abandonner toute idée de logique comparative.

Jean-Claude Carrière.

 

Il n’est pas facile, je le reconnais, de faire la liste des œuvres les plus remarquables du septième art. Il s’agit d’un sujet pointu où les préférences artistiques, l’histoire, la sociologie et la déontologie de l’étude des films influencent le choix du sélectionneur.

 

Dans le passé, cette tâche fut menée à bien avec un certain succès par Luis Alberto Álvarez et son « Histoire du cinéma en cent titres », Barry Norman et ses « 100 best films », Augusto M. Torres et ses « Cinq cent grands films ». Il y eut  aussi des dizaines de rencontres, de symposiums, de festivals où se rassemblèrent réalisateurs, critiques et historiens du cinéma pour mettre au point de rigoureuses anthologies.

 

Des livres comme « Les mille films à voir avant de mourir » et « Œuvres inoubliables » alimentent une classification pyramidale, laquelle si nous sommes honnêtes est de toute façon injuste. En effet, les qualités esthétiques et historiques d’une œuvre varient toujours en fonction de qui la regarde, de son expérience personnelle, de ses références sociales et de sa vision subjective.

 

Mais bon, cela étant posé, la publication des « 100 films pour une cinémathèque idéale » éveilla toute ma curiosité, car éditée par les Cahiers du cinéma, avec la participation de 78 grands spécialistes sous la direction de Claude-Jean Philippe. Sincèrement, je ne peux décrire le sentiment qui me saisit à sa lecture, la déception peut-être de me rendre compte à quel point j’étais naïf et bête.

 

S’agissant d’une "cinémathèque idéale", je pensais qu’on rendrait enfin justice aux créations documentaires, expérimentales ou d’animation(1) qui furent toujours systématiquement exclues de ce genre de répertoire(2). Je rêvais par exemple que Les saisons d’Artavazd Pelechian, qui pour la beauté de son montage est d’un niveau supérieur à Citizen Kane ou au Cuirassé Potemkine, soit dans la sélection; tout comme Koyaanisqatsi, Nanouk l'Esquimau, L’homme à la caméra, À propos de Nice, Baraka…, ou en animation Fantasia, Le tombeau des lucioles, L'étrange Noël de Monsieur Jack. Mais le pire pour moi, le plus terrible de ce top 100, ce fut l’oubli de films historiquement essentiels. Je me demande où sont passés par exemple : 

 

Le cabinet du docteur Caligari
Casablanca
L'ange bleu
Le septième sceau
La strada
Naissance d'une nation
Zemlya
Chinatown
Novecento 
Le songe de la lumière
Boulevard du crépuscule
Pitié pour eux
Metropolis 
L'aveu
Le voleur de Bagdad (la version de 1924)
Les chaussons rouges
La soupe au canard
The kid
Une question de vie ou de mort
Zorba le Grec
Autant en emporte le vent 
Blow-up
Cabaret
Easy rider
Adieu ma concubine
Brève rencontre
The wall
Chambre avec vue
Blade runner
Le miroir
La complainte du sentier
Le troisième homme
Tant qu'il y aura des hommes

 

Pourquoi cette amnésie  brutale concernant le nouveau cinéma allemand, le cinéma novo brésilien, tous ces cinéastes de l’Europe de l’Est, le free britannique ?

 

Theodoros Angelopoulos, David Lean, Shohei Imamura, Dziga Vertov, Rainer Werner Fassbinder, Serif Gören et Yilmaz Güney, Tomás Gutiérrez Alea, Zhang Yimou, John Grierson, Fred Zinnemann, Krzysztof Kieslowski, Johan van der Keuken, Robert Kramer, Aleksandre Dovshenko, Martin Scorsese, Frederick Wiseman, Bernardo Bertolucci, Robert Altman, Peter Greenaway, Milos Forman, Lars von Trier, Takeshi Kitano, Terrence Malick, Wim Wenders, Jim Jarmusch, Serguéi Paradzhanov, Robert J. Flaherty, Gus Van Sant, Santiago Álvarez, Sam Wood, Kean Loach, Jane Campion, Sydney Pollack, Joris Ivens, Abbas Kiarostami, Ettore Scola, Terry Guilliam, Norman McLaren, Jean Rouch, Carol Reed, Costa-Gavras et Pier Paolo Pasolini, ne méritent-ils pas une place privilégiée ?

 

Des films récents comme : Underground, La leçon de piano, Trainspotting, Tigre et Dragon, Pulp fiction, Lagaan, Lisbon story, The pillow book, Trois couleurs - Bleu, Les enfants du ciel, Breaking the waves, In the mood for love, Ed Wood, Le fabuleux destin d'Amélie Poulain, Rêves, Festen, Retour à Brooklyn, Microcosmos, Amour chiennes, Memento, Les amants du cercle polaire, Le goût de la cerise, Tuvalu... ne méritent-ils pas au moins une évocation ? Enfin, prévaut un silence impardonnable en ce qui concerne le cinéma contemporain iranien, roumain, coréen, indien et latino-américain.

 

J’étais en colère lorsque j’ai commencé à écrire ce texte parce que l’omission de certains noms me paraissait faire injure à la vérité. J’en ai ainsi profité pour citer quelques œuvres(3)… puis vint la déception face à un classement dont les limites ne sont que trop évidentes. Aujourd’hui, plus calmement, je me rends compte que toute tentative de classification est en soi discriminante.

 

D’où vient cette manie  de sélectionner The best of the best ?

 

Ce n’est finalement qu’une coutume très réductrice visant à réduire la création humaine à de simples chiffres, tableaux et graphiques. Si un film vous touche profondément, il restera pour vous, une création de haut niveau, indépendamment de l’opinion du reste des mortels.

 

Une cinémathèque idéale ne doit pas seulement faire référence aux classiques et à tous les genres cinématographiques, mais aussi aux petites productions venant de tous les horizons. Elle doit prendre en compte les tendances novatrices qui réinterprètent les règles de l’esthétique, voire qui s’en affranchissent totalement.

 

Philippe Faure-Brac, célèbre œnologue français, affirme que chaque fois que quelqu’un lui demande un grand cru dont il se souvient avec émotion, il répond : « Je vous conseille d’en déguster un autre, parce que cet instant est inégalable, vous n’êtes plus le même, les circonstances sont différentes et vous risquez d’être déçu… pensez à ce souvenir comme à un instant magique et essayez de créer avec la dégustation d’un autre vin exceptionnel, un nouveau et unique moment de bonheur. »  Je considère l’analogie entre le cinéma et le vin plutôt pertinente. C’est pourquoi j’aspire à de nouveaux moments audiovisuels, à d’autres instants de beauté absolue et de tendresse devant l’écran; non pas pour dénigrer les classements précédents, ou pour réduire le septième art à quelques titres indéboulonnables… mais pour que la liste s’enrichisse, se fortifie -et surtout- qu’elle augmente.

 

1 - Barry Norman a inclus Bambi dans sa liste.

2 - Nous en sommes malheureusement arrivés à assimiler à tort le mot « film » uniquement aux fictions.

3 - D’ailleurs, certains lecteurs pourraient dès alors s’enquérir de certains titres non inclus. À ceux-ci, je leur fais remarquer qu’il ne s’agit pas d’un oubli… et que la liste reste ouverte.

 

*************

 

Le livre « 100 films pour une cinémathèque idéale » de Claude-Jean Philippe, édité par les Cahiers du cinéma, établit la liste suivante :

 

Citizen Kane d’Orson Welles

La nuit du chasseur de Charles Laughton

La règle du jeu de Jean Renoir

L’aurore de Friedrich Wilhelm Murnau

L’atalante deJean Vigo

M. le maudit de Fritz Lang

Chantons sous la pluie de Stanley Donen et Gene Kelly

Vertigo d’Alfred Hitchcock

Les enfants du paradis de Marcel Carné

La prisonnière du désert de John Ford

Les rapaces d’Eric von Stroheim

Rio Bravo d’Howard Hawks

To be or not to be d’Ernst Lubitsch

Voyage à Tokyo de Yasujiro Ozu

Le mépris de Jean-Luc Godard

Les contes de la lune vague après la pluie de Kenji Mizoguchi

Les lumières de la ville de Charles Chaplin

Le mécano de la Général de Buster Keaton

Nosferatu le vampire de Friedrich Wilhelm Murnau

Le salon de musique de Satiajit Ray

Freaks de Tod Browning

Johnny guitar de Nicholas Ray

La maman et la putain de Jean Eustache

Le dictateur de Charles Chaplin

Le guépard de Luchino Visconti

Hiroshima mon amour d’Alain Resnais

Loulou de G. W. Pabst

La mort aux trousses d’Alfred Hitchcock

Pickpocket de Robert Bresson

Casque d’or de Jacques Becker

La comtesse aux pieds nus de Joseph Mankiewicz

Les contrebandiers de Moonfleet de Fritz Lang

Madame de... de Max Ophuls

Le plaisir de Max Ophuls

Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino

L’avventura de Michelangelo Antonioni

Le cuirassé Potemkine de Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein

Les enchaînés d’Alfred Hitchcock 

Ivan le terrible de Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein 

Le parrain de Francis Ford Coppola 

La soif du mal d’Orson Welles 

Le vent de Victor Sjöström

2001 Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick

Fanny et Alexandre d’Ingmar Bergman

La foule de King Vidor

Huit et demi de Federico Fellini

La jetée de Chris Marker

Pierrot le fou de Jean-Luc Godard

Le roman d’un tricheur de Sacha Guitry

Amarcord de Federico Fellini

La belle et la bête de Jean Cocteau

Certains l’aiment chaud de Billy Wilder

Comme un torrent de Vicente Minnelli

Gertrud de Carl Theodor Dreyer

King Kong d’Ernst Shoedsack et Merian J. Cooper

Laura d’Otto Preminger

Les septs samouraïs d’Akira Kurosawa

Les 400 coups de François Truffaut

La dolce vita de Federico Fellini

Gens de Dublin de John Huston

Haute pègre d’Ernst Lubitsch

La vie est belle de Frank Capra

Monsieur Verdoux de Charles Chaplin

La passion de Jeanne d’Arc de Carl Theodor Dreyer

À bout de souffle de Jean-Luc Godard

Apocalypse now de Francis Ford Coppola

Barry Lindon de Stanley Kubrick

La grande illusion de Jean Renoir

Intolérance de David Wark Griffith

Partie de campagne de Jean Renoir

Playtime de Jacques Tati

Rome ville ouverte de Roberto Rosselini

Senso de Luchino Visconti

Les temps modernes de Charles Chaplin

Van Gogh de Maurice Pialat

Elle et lui de Leo McCarey

Andrei Roublev d’Andrei Tarkovski

L’impératrice rouge de Joseph von Sternberg

L’intendant Sansho de Kenji Mizoguchi

Parle avec elle de Pedro Almodovar

The party de Blake Edwards

Tabou de Friedrich Wilhelm Murnau

Tous en scène de Vincente Minnelli

Une étoile est née de George Cukor

Les vacances de Monsieur Hulot de Jacques Tati

America America d’Elia Kazan

Él de Luis Buñuel

En quatrième vitesse de Robert Aldrich

Il était une fois en Amérique de Sergio Leone

Le jour se lève de Marcel Carné

Lettre d’une inconnue de Max Ophuls

Lola de Jacques Demy

Manhattan de Woody Allen

Mulholland drive de David Lynch

Ma nuit chez Maud d’Eric Rohmer

Nuit et brouillard d’Alain Resnais

La ruée vers l’or de Charles Chaplin

Scarface d’Howard Hawks

Le voleur de bicyclette de Vittorio de Sica

Napoléon d’Abel Gance

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